LES GENERAUX ET LE GIA 9eme Partie

                        

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Liquidations à haut niveau

J'ai eu à plusieurs reprises l'occasion de l'évoquer: parallèlement au déchaînement de violences, largement entretenu par les décideurs, à partir de 1992, ces derniers n'ont pas hésité à éliminer ; directement ou par des islamistes manipulés ; des personnalités qui étaient en désaccord avec leur politique: de l'opposition, bien sûr, mais aussi dans les rangs mêmes du pouvoir, et au plus haut niveau. Je n'ai pas la prétention de relater ici la totalité de ces meurtres commis par le pouvoir dès l'interruption du processus électoral: les seuls, sans doute, à être au courant de l'ensemble des liquidations sont les généraux Toufik, Smaïn Lamari et Larbi Belkheir, qui en étaient les commanditaires.

Le secret de ces actes a toujours été soigneusement entretenu, notamment en jouant sur les cloisonnements entre les différentes directions du DRS. Mais mes fonctions m'ont quand même permis de recueillir des informations décisives sur certains de ces épisodes tragiques à commencer par le premier et le plus spectaculaire d'entre eux: l'assassinat, en quelque sorte inaugural, du président du HCE, Mohamed Boudiaf, un certain 29 juin 1992.

 

L'assassinat de Mohammed Boudiaf

Rappelons rapidement les circonstances de ce drame.
De nombreux articles et ouvrages ont montré les multiples invraisemblances de cette version officielles. Et je ne crois pas qu'il existe un seul Algérien qui ne soit convaincu que les commanditaires de cet odieux forfait sont bien les décideurs militaires et qu'une commission d'enquête impartiale finirait rapidement par les démasquer. Aussi, sans répéter tout ce qui a déjà été dit et écrit, j'aimerais apporter quelques éléments d'information dont j'ai eu à connaître directement et qui pourraient éclairer le travail d'une telle commission, si elle existe un jour.

Je tiens d'abord à dire que le sous-lieutenant Lembarek Boumaarafi, dit Abdelhak, n'a jamais été un sympathisant du FIS. J'ai connu cet officier du GIS, qui faisait partie de la section du capitaine Abdelkader Khemene, lequel était pour moi une vieille connaissance (Il avait été détaché sous mes ordres de 1980 à 1982, lorsqu'il fit son application d'officier dans le 52e bataillon, puis au bataillon de commandement de l'administration et du soutien de la 50e brigade d'infanterie portée ; cet ancien sergent est aujourd'hui General).

Je peux donc affirmer qu'il s'agit d'un officier compétent qui fut sciemment marginalisé de sorte à le conditionner et en faire un tueur sans état d'âme. *(Boumaarafi, qui est pourtant très compétent a été confiné à des taches de gardiennage à Sidi Moussa, et n'avait pris part à aucune opération du GIS de janvier à juin 1992. Il ne percevait donc pas la prime de risque qui constituait pratiquement l'équivalent de son  salaire. A Sidi Moussa, le sous lieutenant Boumaarafi et ses compagnons étaient chaque nuit harcelés par des "groupes intégristes". Bien qu'aucun d'eux ne soit tués ou blessés durant ces six mois, le supplice était devenu insupportable, surtout que les collègues du GIS se trouvaient en sécurité à Châteauneuf ou Bouzareah. En six mois un seul cadre de cette unité d'élite  avait perdu la vie ; le sous-lieutenant Tarek dans l'opération du Telemly).

De plus la propagande du DRS, répercutée dans les journaux de l'époque, en a fait un "fils de harki". Cela est absolument faux: un fils de harki ne peut en cas faire carrière dans l'armée, encore moins dans les services secrets. Il a en outre suivi une formation à l'école des cadets de la révolution à Koléa où un fils de harki n'aurait jamais été admis.

Dès le 29 juin 1992 à 13 heures, j'ai participé à une réunion des principaux responsables du DRS qui s'est tenue à Delly-Brahim, en présence du général Khaled Nezzar, ministre de la Défense. Devant nous, ce dernier a d'emblée disculpé le commandant Belouiza Hamou, le chef du GIS, sans même prendre connaissance des faits et sans qu'aucune enquête n'ait encore été déclenchée ; il faut dire qu'à 13 heures, le président Boudiaf n'était pas encore mort. Puis il a demandé le soutien indéfectible des cadres du service pour poursuivre sa "mission".

Il est pour le moins curieux que le général Nezzar ait tenu à réunir d'abord les responsables du DRS, avant même les responsables militaires ; chefs de régions, de l'état-major, directeurs centraux…. Lors de cette réunion, j'ai remarqué que ni Smaïn Lamari, ni le général Toufik n'ont pris la parole, alors qu'ils étaient les premiers concernés et qu'ils auraient dû normalement présenter leur démission. *(C'est le DRS qui a mis en exécution le plan Nezzar en 1990, il est normal qu'il vienne obtenir la caution des officiers de ce service. La liquidation de Boudiaf a été faite par un cadre du DRS. Sa présence permettait aussi de "cimenter" les rangs pour qu'il n'y ait ni fuite ni contestation).

Immédiatement après cette réunion, le colonel Smaïn s'est rendu en personne à Annaba pour récupérer le sous-lieutenant Boumaarafi. Il avait auparavant donné l'ordre au chef de la sûreté de wilaya de ne pas le remettre à la gendarmerie: pourquoi avoir refusé son audition par les gendarmes, alors que, s'agissant d'un militaire, il était dans les attributions de ce corps de sécurité de l'entendre en premier ?

Dans un rapport du DRS remis à la commission d'enquête ; qui n'a auditionné ni le général Médiène Mohamed dit Toufik ni Smaïn Lamari ; il est fait état de la découverte d'une lettre manuscrite de Boumaarafi. Des "fuites" ont permis également à la presse algérienne d'évoquer cette pseudo-lettre ; dans laquelle il affirme avoir agit seul, car il ne supportait plus l'injustice qui sévit en Algérie,….

La lettre soi-disant retrouvée dans les affaires de Boumaarafi est un pur mensonge du DRS destiné à faire de cet officier le "coupable idéal". Le style "langue de bois" ne permet pas d'apprécier la motivation d'un tel acte.

Autre point important: le commandant Hamou n'était pas habilité à signer un ordre de mission à Boumaarafi, s'agissant de la protection présidentielle qui ne faisait pas partie des attributions du GIS. Comment le colonel Smaïn a-t-il pu autoriser le chef du GIS, par un simple coup de fil, à agir de la sorte, lui qui veillait jalousement à ses prérogatives et qui n'autorisait même pas ses subordonnés à signer une permission ?
Par ailleurs, j'ai su, par des sources concordantes (Secrétaire du CPO, chauffeur Khaled, …), que Smaïn Lamari avait reçu la veille l'officier . Quelle a été la nature de l'entretien ? Boumaarafi pouvait-il refuser un ordre de Smaïn ?

Un autre élément très curieux m'a conduit, dès cette époque, à me poser des questions sur le rôle de ce dernier dans l'assassinat du président. Lors de l'opération du Telemly qui, quelques semaines plus tôt, avait coûté la vie au commandant Guettouchi et au sous-lieutenant Tarek (Voir supra, chapitre6), deux grenades offensives m'avaient été remises par le capitaine Abdelkader Khemene à la fin de l'opération. Je les avais placées dans un tiroir de mon bureau à Châteauneuf. Lors des opérations spécifiques ou nocturnes nécessitant un assaut, les éléments du GIS perçoivent une dotation spéciale: balles traçantes, grenades offensives, grenades lacrymogènes, gaz incapacitant, … et au retour de mission la dotation est rigoureusement contrôlée !

Or, comme je l'ai dit, le 11 juin 1992, je partais en mission au Pakistan pour ne revenir que le 27 juin, soit deux jours avant l'assassinat de Mohamed Boudiaf. Pendant mon absence, les deux grenades s'étaient volatilisées ; et Boumaarafi avait fait exploser au moins une de ces grenades pour faire diversion avant d'abattre le président. Jamais au grand jamais un service de protection n'utilise des grenades pour assurer la sécurité d'un président. Donc ni le GIS ni le SSP ne pouvait en disposer. Par ailleurs Boumaarafi n'avait jamais participé à une opération contre des groupes intégristes ; il ne pouvait donc en avoir. Enfin si les grenades avaient été "subtilisées" par un responsable, j'aurai retrouvé un bon de décharge à mon retour.

Qui pouvait accéder à mon bureau pour dérober les grenades ? Le capitaine Ahmed Chaker, qui était mon adjoint à Châteauneuf, me dira en juillet 1993 que c'est Smaïn Lamari qui les avait récupérées. Comme les éléments de la protection présidentielle ne sont jamais dotés de grenades, je suis pratiquement convaincu  que celle que Boumaarafi a utilisée lui a été remise par Smaïn et venait de mon bureau.

Par ailleurs, outre tous ces éléments suspects, beaucoup de faits mystérieux ont entouré ce drame. Nacer Boudiaf, le fils du président, a ainsi évoqué, dans de nombreux écrits et interviews: l'ambulance non équipée dans laquelle son père encore vivant a été évacué, le chauffeur de celle-ci qui ne connaissait pas le chemin de l'hôpital, le temps excessivement long perdu devant le siège de la wilaya d'Annaba. L'hélicoptère ramenant la dépouille du président qui a reçu l'ordre d'atterrissage sur la base militaire de Boufarik, près d'Alger, etc.

Mais il y a plus grave encore. Au lendemain de l'enterrement de Boudiaf, Mohamed Tahar Maameri, le directeur général de la protection civile, me fit des révélations étonnantes. Il m'apprit que Boudiaf avait déjà fait l'objet d'une tentative d'assassinat lors de sa visite à Oran, une semaine auparavant, qui précéda celle d'Annaba ; et que cette tentative avait été déjouée grâce à la vigilance d'un policier.

Maameri avait en effet été informé par ses services que les éléments de la protection civile avait découvert une bombe placée sous l'estrade à El Hadjar, où le président Boudiaf devait prononcer un discours. Et que le repas qu'il devait prendre à l'hôtel militaire de Chapuis était empoisonné: des éléments de la protection avaient donné l'ordre aux djounouds chargé de la surveillance des lieux de ne pas y toucher ; ceux qui s'y sont aventurés ont été victimes d'une intoxication et un militaire a même été hospitalisé.

On peut légitimement s'interroger sur le fait que la presse n'ait, à l'époque, absolument pas évoqué cette double tentative d'assassinat lors de la visite en Oranie. Et aussi sur le fait que le président ait effectué cette visite importante à Annaba sans être accompagné par son ministre de l'Intérieur ; Le général Larbi Belkheir ; alors qu'il devait pourtant rencontrer des walis ; tout comme, curieusement, aucun responsable des services de sécurité n'était à ses cotés ce jour-là, ainsi, le chef du Service de la sécurité présidentielle, le commandant Hadjeres, était virtuellement démissionnaire, puisqu'il devait, à partir du 5 juillet, prendre ses fonctions de responsable du bureau de sécurité à l'ambassade d'Algérie en Jordanie.

D'autres faits encore confirment, s'il en était besoin, que l'assassinat du président a été planifié aux plus hauts sommets du pouvoir. Ainsi les tentatives d'intimidation qu'ont subies les membres de la commission d'enquête indépendante qui devait conclure à l'acte isolé ; puisque le coupable était connu et qu'il avait avoué son crime.

Le 10 juillet 1992, l'avocat Mohamed Ferhat, membre de ladite commission, était blessé par balles ; et le 18 juin 1994, Youcef Fathallah, avocat et militant des droits de l'homme, lui aussi membre de la commission, était assassiné dans son bureau à Alger. Son seul tort était, très probablement, d'avoir refusé de signer le rapport d'enquête, avec les conclusions duquel il n'était pas d'accord. En outre, il venait de participer, le 8 mai 1994, à une grande marche pour la paix et la réconciliation organisée par le FLN et Hamas.

Enfin, que dire du fait que le sous-lieutenant Boumaarafi a été jugé par une juridiction civile et non par le tribunal militaire de Blida, alors que des civils comme Mustapha Belloucif, général à la retraite, Abbassi Madani, Ali Benhadj ou Hadj Bettou ont, eux, été jugés et condamnés par ce tribunal militaire ?

L'assassinat de Boudiaf n'est donc pas l'œuvre des islamistes. Comme je l'ai déjà évoqué, s'il a été liquidé, c'est qu'il gênait les plans des décideurs militaires ; ceux-là même qui l'avaient fait venir ; qu'il avait commencé à attaquer.
La mise à l'écart du général Mohamed Lamari, la prise de bec avec le général Toufik ; qu'il envisageait de limoger ; sa position dans le conflit du Sahara occidental, les enquêtes sur les malversations qu'il avait entamées, le changement de gouvernement qu'il envisageait (Il prévoyait de remplacer Sid Ahmed Ghozali à la tête du gouvernement par Saïd Sadi ou par Amine Abderrahmane) et le parti politique qu'il voulait créer (Le RPN, Rassemblement patriotique national ; qui tomba à l'eau dès que Boudiaf fut assassiné).

Avec un parti politique derrière lui ; surtout que la jeunesse était devenue sensible à son discours ; le président Boudiaf était en mesure de ramener la paix civile ; ce que les généraux décideurs ne voulait pas. La paix en Algérie signifié bonnement leur mise à l'écart, voire leur jugement. Tout cela a fait du président Boudiaf un homme à abattre. Et il voulait en plus déterrer l'affaire Belloucif, ce qui aurait éclaboussé d'autres dignitaires, en montrant que ce général, accusé à tort de corruption, avait été victime d'un règlement de comptes.

Avec un parti politique derrière lui, sa sincérité, son amour pour le pays et son talent d'orateur, le président Boudiaf était clairement en mesure de se débarrasser des mafieux qui l'entouraient.

L'assassinat de Boudiaf allait inaugurer une longue liste de liquidations de personnalités, dont les plus en vue furent Kasdi Merbah. Djillali Liabés, Tahar Djaout, Mohamed Boukhobza, Ahmed Hambli, Djillali Belkhenchir, Saïd Mekbel… L'affaire de l'assassinat du président Boudiaf est décrite en détails sur le site du MAOL.

 

La liquidation de Kasdi Merbah

En 1993, Kasdi Merbah, ancien patron de la Sécurité militaire sous feu Boumediene et ancien premier ministre en 1989, était en conflit ouvert avec le général Larbi Belkheir et le clan des généraux "DAF". Il essayait d'unifier les rangs de l'opposition en prenant contact avec les démocrates, les islamistes et les officiers restés fidèles au principe de la révolution de 1954 pour renverser les généraux "déserteurs de l'armée française" qui venaient de confisquer le pouvoir.

Selon le capitaine Hassine Ouguenoune, du MAOL, un séjour en Suisse du 14 au 20 août 1993 lui avait permis d'entrer en contact avec les représentants en exil des différentes tendances pour la mise au point de son projet, qui devait se traduire par un soulèvement le 1er novembre 1993. Le lendemain même de son retour au pays, Kasdi Merbah était assassiné à Bordj El Bahri (Ainsi que son frère, son fils et deux gardes du corps ; ils circulaient à bord de deux voitures) par un commando de quinze individus bien informés sur l'horaire et l'itinéraire de Merbah.

La manière dont a été liquidé l'ex-chef du gouvernement dénote le professionnalisme des auteurs, qui disparurent une fois leur forfait accompli, non sans avoir pris soin de récupérer son porte-document (Mais pas son arme). Cette opération, dont le nom de code était "virus", est relatée en détail dans un article publié en 1999 sur le site du MAOL "Opération virus".
Les hommes du commando de tueurs faisaient partie de l'unité 192 et qu'ils étaient dirigés par le colonel Tartag lui-même. Je ne sais pas si cette version est exacte, car mes sources, affirment que cette opération a été montée par la DCE et non la DCSA, en raison de la participation de Kaci Abdallah, qui est un agent de Smaïn Lamari. Toutefois, il se peut que la DCSA et la DCE aient collaboré ensemble pour liquider Kasdi Merbah. Quelque soit le service engagé, une chose est sur, cette affaire est un coup tordu du DRS.

Évidemment, aucune enquête sérieuse n'a été diligentée, puisque le crime a été immédiatement attribué aux intégristes armés de la bande de Mouloud Hattab ; qui sera, selon la presse d'Alger, massacrée quelques semaines après ce drame lors d'un règlement de comptes opposant les islamistes (Guerre de leadership entre fractions rivales), et pour cause, les auteurs ne seront jamais retrouvés.

En septembre 1993, alors que j'étais à Alger en mission, j'abordais le sujet avec Smaïn Lamari, qui me fit la réponse suivante: "Raison d'État" Je n'ai pas voulu chercher davantage. La période des règlements de comptes avait commencé. En rendant visite à Mohamed Abbes  Allalou, président de l'APUA (Un parti politique que nous avions créé pour garnir la devanture démocratique, dont le siège était à Hussein Dey), nous avons évoqué l'assassinat de Kasdi Merbah ; il me fit étrangement la même réponse: "Raison d'État".

Il m'expliqua que Merbah cherchait à faire des alliances avec le FIS, avec Hamas de Nahnah… et qu'il devait se rendre en Libye le 1er septembre à l'invitation de Mouammar Kadhafi pour assister aux festivités commémorant l'anniversaire de la révolution libyenne, et c'est à Tripoli qu'il devait coordonner le travail avec des dirigeants de l'opposition islamique.

C'était exactement les mêmes propos que m'avait tenus Smaïn Lamari une heure plus tôt ! J'ai alors compris que le pouvoir s'était débarrassé de Kasdi Merbah, homme intègre, qui a l'image de feu Boudiaf était en mesure de déjouer le complot fomenté par les généraux déserteurs de l'armée française pour s'approprier l'Algérie.

J'apprendrai plus tard, grâce à l'adjudant Mohamed Echirk, qui me fut affecté en tant que secrétaire à Bonn, que Abdallah Kaci, (L'ex-adjudant Chakib, dont j'ai déjà parlé au chapitre 6) avait apporté une aide logistique aux  assassins de Kasdi Merbah, qui s'étaient réfugiés dans sa résidence près de Bordj El Kiffan une fois leur mission accomplie. Une résidence située dans un cul de sac sur l'axe Dar El Beida–Reghaïa en empruntant une bifurcation sur Bordj El Kiffan.

Abdallah Kaci sera récompensé par un poste de député au sein du Parlement désigné de 1994 (Le CNT, Conseil national de transition). Un sous-officier de la SM radié de l'ANP pour avoir trempé dans une affaire de complot (L'affaire de "Gafsa") se retrouvera ainsi député de l'Algérie républicaine dirigée par des mafieux… Après la plainte déposée contre lui par l'épouse de Kasdi Merbah suite à l'assassinat de son mari, Abdallah Kaci sera lui-même mystérieusement assassiné, le 24 août 1994, à proximité de son domicile…

 

L'élimination des officiers récalcitrants

Les militaires ont eu aussi leur lot de victimes, comme le lieutenant-colonel Redouane Sari, qui avait mis en place le service informatique au CFT de Aïn-Naadja lors de l'état de siège de juin 1991 et lors de l'état d'urgence de février 1992: il a été tué par balles le 4 juillet 1993, alors qu'il revenait de la cérémonie de remise de grade aux officiers de l'ANP nouvellement promus. Ou le colonel Salah (De son vrai nom Djillali Meraou), directeur du service documentation du DRS (Communément appelé le service de presse), assassiné avec son chauffeur et son garde du corps le 19 février 1995 à Kouba, dans la banlieue d'Alger, alors qu'il se rendait au travail en voiture. Le général Mohamed Boutighane, commandant des forces navales, lui, est mort assassiné le 27 novembre 1995, au moment ou il s'apprêtait à acheter du lait chez un épicier à Birmandreis, quartier mitoyen de Hydra où vivaient certains dignitaires de la nomenklatura…..

Je n'évoque ici que les cas suspects de militaires liquidés et non ceux tombés au combat dans le cadre de la lutte antiterroriste. Tous ces assassinats, jamais revendiqués par une quelconque organisation, ont été systématiquement attribués aux islamistes. Et bien entendu, aucune enquête n'a été diligentée pour élucider ces affaires et identifier les auteurs de ces crimes.

De nombreux autres officiers supérieurs opposants ont été abattus (Soi-disant accidentellement ou par le GIA) sans que leur mort soit médiatisée, comme par exemple (Pour n'en citer que quelques-uns):
-Le commandant Djabber Benyamina, qui s'opposait à Smaïn Lamari, dont j'ai déjà évoqué l'affaire, a été assassiné en mars 1992 (Voir supra, chapitre 5).
-Le commandant Mourad Mokhtari, originaire d'El-Harrach, qui enquêtait, pour le compte du président Boudiaf, sur les affaires économiques de la "mafia politico-financière", a été assassiné à Badjarah en juin 1992.
-Le lieutenant-colonel Msiref Mohamed dit  Abderazak, chef du CRI de Tamanrasset, originaire de Mascara, a été assassiné à Oran en Juin 1992 par un policier à la suite d'une "méprise" ; il avait enquêté sur l'affaire Hadj Bettou, un gros bonnet de la contrebande.
-Le commandant Farouk Boumerdès, dit Rabah, chef du BSS de Annaba, originaire de Constantine, ingénieur dans le domaine des hydrocarbures, était considéré comme faisant partie du "clan Betchine": il a été tué "accidentellement" par un policier en 1993 alors qu'il avait refusé le poste de Boumerdès que Smaïn Lamari lui avait proposé en 1991.
- Le commandant Hichem, ex-chef du CRI de Bechar de 1989 à 1992, puis sous-directeur à la DDSE, originaire de Chlef, a été assassiné en 1994 à Sidi-Moussa ; il était également considéré comme faisant partie du clan Betchine.

-Le colonel Achour Zahraoui a été assassiné ; dans un "accident de voiture" en août 2001 après mon passage sur le plateau d'Al Jazeera, sans doute parce qu'il m'avait témoigné son amitié. Achour Zahraoui, universitaire originaire de Bejaïa, avait été recruté par mes soins en octobre 1982 alors qu'il effectuait son service national à la direction régionale de l'action sociale à Constantine. Ayant dénoncé une affaire de malversation à la coopérative militaire dont le préjudice dépassait 6 millions de dinars, on l'avait menacé d'être traduit devant le tribunal militaire. Il ne fut sauvé que grâce à l'intervention du commandant Maarouf, le directeur régional de la SM ; ce dernier subira de ce fait les foudres du colonel Nezzar en 1983 et sera mis à la retraite après un séjour à Alicante en tant que consul.

Achour Zahraoui sera affecté à mon bureau de prévention économique jusqu'à son départ en formation à l'école de la SM de Béni-Messous. À partir de 1991, il sera affecté à la DDSE. Je peux affirmer que le colonel Zahraoui était un cadre très honnête, intègre et compétent.

La liste est bien longue, et il m'est pénible d'évoquer le souvenir d'amis lâchement assassinés parce qu'ils ont refusé de servir les criminels mafieux…Allah yarhamhoum…..

 

Coups tordus en Allemagne

Dès que le général Saïdi Fodhil, directeur de la sécurité extérieure (DDSE) au sein du DRS, fut "remercié" en juillet 1994 (Il fut désigné commandant de la 4e région militaire à Ouargla), le général Smaïn Lamari eut les coudées franches pour appliquer sa politique, celle de mettre main basse sur l'ensemble des structures opérationnelles du DRS, alors qu'il n'était officiellement que le chef de l'une des trois branches du DRS, la direction du contre-espionnage (DCE).

En effet, ni le responsable de la DCSA, le général Kamel Abderrahmane, originaire de la même région que lui (La région de Bouira: Aïn-Bessam pour Smaïn Lamari et Sour El Ghozlane pour Kamel Abderrahmane), ni le nouveau chef de la DDSE, le général Hassan Bendjelti, dit Abderazak Tetouan (Récupéré dans le cadre de l'équilibre régional car étant l'un des rares officiers supérieurs originaire du sud), n'égalaient ses compétences dans le domaine opérationnel.

Le premier était un transfuge de l'armée régulière qui maîtrisait plus l'art des blindés et des corvées que l'art du renseignement et le second est un habitué des salons mondains. Dans la pratique, le général Abderazak finit par céder ses prérogatives au profit de Smaïn Lamari, lequel multiplia alors les déplacements à l'étranger (Alors que sa mission originelle était le contre-espionnage, c'est-à-dire la lutte contre les "espions" à l'intérieur du territoire national).

À partir de fin 1994, l'antenne de la SM que je dirigeais en Allemagne fut renforcée: au lieu de trois cadres comme c'était le cas jusqu'alors et comme c'était le cas ailleurs (Excepté en France, pour des raisons "historiques" évidentes), je me trouvais avec huit cadres de renseignement alors que l'Algérie n'a pratiquement pas d'échanges avec la RFA (Le volume des échanges commerciaux est à peine supérieur à 1 % du volume global des échanges, et même dans le domaine des hydrocarbures, les Allemands préfèrent s'approvisionner en Russie ou à partir du port de Rotterdam).

Comme leur travail était exclusivement concentré sur les islamistes, nos officiers furent rapidement "grillés", à tel point que les diplomates et fonctionnaires allemands parlaient de "caserne" en évoquant le consulat général d'Algérie à Francfort. Même lorsque le général Abderazak était venu, en avril 1995, dans le cadre d'une mission de travail, il était flanqué du commandant Omar Merabet, le chef de cabinet du général Smaïn Lamari.

Nos généraux avaient mal pris que l'Allemagne ait fermé sa représentation à Alger en 1993.  Et ils étaient mécontents que Bonn ne leur livre pas Abbassi Oussama *(Fils de Abbassi Madani, le leader du FIS habitant depuis 1992 près d'Aix la chapelle, il fut arrêté en 1993 par la police allemande alors qu'il revenait d'Autriche avec un faux passeport et était en possession d'une arme à feu. L'Algérie réclama son extradition au motif qu'il serait impliqué dans l'affaire de l'attentat de l'aéroport d'Alger du 26 aout 1992.

Le dossier étant vide ; faute de preuves évidentes ; il ne sera pas extradé) et que Rabah Kébir disposent d'une totale liberté pour critiquer le pouvoir sans être rappelé à l'ordre. Rabah Kébir ; membre du bureau exécutif du FIS, arrêté en 1992 il sera remis en liberté mais devait émarger quotidiennement à la gendarmerie de Collo, sa ville natale, en septembre 1992 il parviendra à quitter le territoire et rejoindre l'Allemagne, il habitant près de Cologne.
Le 17 septembre 1993 il sera désigné par ses pairs président de "l'instance du FIS à l'étranger" il sera en quelque sorte le porte parole du FIS à l'étranger et animera à ce titre plusieurs conférences) Enhardi par le soutien des Français qui, eux, avaient "compris" le danger islamiste et qui réprimaient ce courant (Dès l'automne 1993, les autorités françaises avaient procédé à une série d'arrestations et d'expulsions), le général Smaïn eut l'audacieuse idée de "créer un règlement de comptes entre islamistes sur le sol allemand" pour pousser les autorités de Bonn a réagir avec la même fermeté que la France et à chasser hors de leur territoire les islamistes indésirables.

Sitôt dit sitôt fait, le général Smaïn prétexta une première visite officielle, dès novembre 1994, pour venir s'imprégner de la situation. Satisfait par la gestion des dossiers sur les islamistes et par le travail zélé effectué  par les commandants Salah Kermad et Chelouf Makhlouf *(Tous deux affectés à Francfort avec la couverture de vice consul ; ce dernier a rejoint l'Allemagne en 1994 après avoir tué un "terroriste" à la cité de Bab Ezzouar, au cours de la fusillade un commandant du DRS du service technique avait aussi trouvé la mort dans des circonstances floue), le général Smaïn Lamari me fit part de son désir de "solder ses comptes" à Rabah Kébir. J'avoue ne pas l'avoir pris au sérieux, car je savais qu'en parallèle, le pouvoir cherchait alors à dialoguer avec les islamistes.

Le général Liamine Zéroual, chef de l'État depuis janvier 1994, et son conseiller Mohamed Betchine avaient en effet rencontré les leaders du FIS emprisonnés à Blida en Février 1994. Un communiqué de la présidence publié le 3 mars 1994 révèle à l'opinion l'existence d'un dialogue avec les dirigeants du FIS.

Abbassi Madani avait même quitté la prison et le régime de détention d'Ali Benhadj avait été quelque peu amélioré. L'atmosphère se détendait et Athman Aïssani, membre du Madjless choura du FIS qui venait d'être élargi, avait été envoyé discrètement en Allemagne en janvier 1995 pour prendre attache avec les responsables de l'instance exécutive du FIS à l'étranger.

Ahmed Merani, ex-dirigeant du FIS et agent attitré du général Toufik (Voir supra, chapitre 3), avait même rencontré Abdelkader Sahraoui, *(Sympathisant, qui avait  de nombreuses relations en Allemagne et ailleurs et qui servait d'intermédiaires) qui l'avait invité chez lui à Diepholz, ville allemande (Près de Brême) où il résidait.
Sahraoui était un sympathisant du FIS, ex-dissident du FLN qui avait pris ses distances pour rallier le MDA (Mouvement de la démocratie en Algérie) de l'ex-président Ahmed Benbella. Abdelkader Sahraoui avait joué un rôle non négligeable dans l'installation de Rabah Kébir et des membres de la famille de Abbassi Madani en Allemagne (Grâce à lui, en juin 1995, le ministre algérien des Affaires étrangères, Mohamed Salah Dembri, sollicitera l'ambassade d'Allemagne à Alger pour l'octroi d'un visa à l'épouse et au fils du leader du FIS). Sahraoui participait également à ce qu'il convient d'appeler les négociations entre l'ANP et l'AIS, engagées depuis 1994.

Même si l'atmosphère tendait vers la réconciliation, je me doutais un peu qu'un sale coup pourrait être tenté.

Les "coups de Jarnac" étaient décidément une spécialité des services et des responsables peu scrupuleux. J'en avais déjà fait l'amère expérience. Au printemps 1995, alors que les négociations se poursuivaient avec Abdelkader Sahraoui en vue de faire cesser l'effusion de sang, ce dernier se dit prêt à aller en Algérie pour y rencontrer les responsables de l'AIS afin de les convaincre de déposer les armes. Quand nous sommes tombés d'accord sur le principe, j'ai avisé le commandement des résultats positifs obtenus. Il ne restait plus qu'à finaliser les dates et les modalités d'accueil, ce qui n'était pas de mon ressort.

Le rapport sur ces négociations fut transmis par écrit à la "centrale" en avril 1995 directement au général Abderazak, chef de la DDSE. Conformément aux usages, une réponse écrite de sa part était attendue. Mais ce ne fut pas le cas: au lieu d'un écrit de sa part, je fus surpris de recevoir un appel téléphonique du colonel Ali Benguedda, dit "petit Smaïn", sous directeur qui s'occupait du dossier "des militants du FIS en Europe", dont j'ai déjà eu l'occasion de parler (Voir supra, chapitre 7). Le colonel Benguedda m'invita à envoyer Abdelkader Sahraoui à Alger. Le ton et la manière de ses propos "Bonjour Lahbib, c'est d'accord, tu l'envoies le plus tôt, on va s'occuper pour lui arranger la cravate" trahissaient la manigance. Face à cette situation, j'ai longtemps réfléchi sur la décision à prendre: je ne voulais pas que ma responsabilité soit engagée dans le cas ou Abdelkader Sahraoui tomberait dans un guet-apens.

Devant ce dilemme, j'appelais ce dernier pour l'informer que le commandement était d'accord pour le recevoir à Alger, mais que je n'étais pas en mesure de garantir sa sécurité. Je lui suggérais de prendre rendez-vous à Tripoli, où il comptait de solides amitiés, et de là il prendrait sa décision pour se rendre en Algérie. Il était visiblement animé de bonnes intentions et accepta ma proposition.

Une semaine après, il est revenu me voir à Bonn, très malade, s'auto-injectant des doses d'insuline pour calmer son diabète. Fou de rage, il me fit part du "traitement" subi à Tripoli, alors qu'une délégation officielle algérienne se trouvait sur place: dès qu'il se présenta au rendez-vous, l'ordre fut donné de l'arrêter et de le conduire de force en Algérie. Abdelkader Sahraoui ne dut son salut qu'à l'intervention de son ami personnel, le ministre de l'Intérieur libyen.

 

La tentative d'assassinat d'Abdelkader Sahraoui et de Rabah Kébir

Fort de cette expérience, j'ai appris à me méfier et à n'engager ma crédibilité qu'en cas de certitude absolue. "Solder ses comptes" à Rabah Kébir n'avait pas beaucoup de sens pour moi, car celui-ci ne constituait absolument pas un danger pour l'Algérie ; bien au contraire, son discours était devenu modéré et ses critiques moins virulentes contre le régime. Il défendait certes son point de vue politique, mais cela ne nécessitait pas un traitement de choc ou sa liquidation physique.

Quelques semaines plus tard, en septembre 1995, le général Smaïn revint à la charge. Cette fois, c'est "incognito" qu'il était venu à Bonn. La vision d'un responsable de cette envergure qui rase les murs lorsqu'il se déplace à l'étranger fut pour moi un nouveau signe révélateur des méthodes crapuleuses utilisées par les décideurs d'Alger. Le général Smaïn Lamari réserva trois chambres à l'hôtel Rheinallee, un hôtel miteux qui se trouvait à une trentaine de mètres du siège de l'ambassade. Il était accompagné du colonel Rachid Laalali, dit "Attafi", et ils furent rejoints un jour plus tard par le colonel Ali Benguedda, dit "petit Smaïn", venu par un autre vol. Ces deux derniers étaient mes prédécesseurs au poste d'attaché militaire à Bonn, l'un et l'autre avaient leurs réseaux en Allemagne et connaissaient parfaitement le terrain.

Cette fois, les propos du général Smaïn étaient très clairs: il s'agissait bel et bien de liquider Rabah Kébir et Abdelkader Sahraoui.

Smaïn étudia pendant deux jours les dossiers (Domiciles, plans, habitudes, fréquentations…). Il hésitait entre un "règlement de comptes" entre factions rivales du FIS (Conflit salafistes contre djaazariste, conflit à propos du butin de guerre, conflit entre Rabah Kébir et les enfants de Abbassi Madani ; il était prêt à diffuser des tracts et des faux communiquésen ce sens, dans lesquels le GIA revendiquerait ces assassinats) et un crime "sans mobile" (Qui compliquerait selon lui la tache des enquêteurs).
Il voulait me charger de cette mission: "Lahbib, tu t'occupes de cette affaire, tu as carte blanche. Salah se chargera de mettre à ta disposition deux Yougoslaves si tu choisis la deuxième alternative, sinon j'ai un Palestinien qui peut s'acquitter de la besogne".

C'est sans dissimuler ma désapprobation que j'exprimais mon refus: Avez-vous bien réfléchi, mon général ? Quelle est l'utilité d'une telle opération ?
- C'est tout réfléchi, il faut clouer le bec à ces salauds qui mettent l'Algérie à feu et à sang, et nous empêchent d'obtenir le soutien international. Le spectre de l'intégrisme et la formule de l'instauration d'une république islamique en Algérie déstabilisant le Maghreb et constituant une base pour d'éventuelles attaques contre l'Occident ne semblent pas convaincre nos partenaires européens. Il faut un événement fort pour secouer leur conscience, comme ce fut le cas avec les Français.
- Qu'arriverait-il en cas de pépin ?
- Tu ne risques rien du tout. Si on t'expulse d'ici, je te désignerai ailleurs.
- Ici, c'est un État de droit, vous n'avez aucune chance. Et en plus, vous ne pouvez pas compter, comme en France, sur vos amis de la DST ou du ministère de l'Intérieur pour vous venir en aide. Ici, il n'y a ni Charles Pasqua, ni Yves Bonnet, ni Robert Pandreau ou Jean-Charles Marchiani ; les réseaux du FLN en Allemagne sont moribonds et il ne faut pas compter sur Jürgen Wischniewski pour vous venir en aide.*(Jurgen Wischniewski, ex-ministre social-démocrate de la Coopération et ex-directeur du BND, le service allemand du renseignement, est considéré comme un ami de l'Algérie en raison de son soutien à la révolution algérienne pendant la guerre d'indépendance et des relations amicales qu'il a développées depuis avec le pouvoir d'Alger).

Face à sa détermination, j'avais tenu à le mettre en garde contre les conséquences d'une telle opération, qui risquait de ternir une fois pour toute l'image de l'Algérie dont nous cherchions à sauver les apparences. Prenant mon courage à deux mains, je n'ai pas hésité à lui faire part de mon total désaccord: "Désolé, je ne suis pas l'homme qu'il vous faut pour cette opération. Ma conscience et ma moralité ne me permettent pas d'agir en hors la loi. Je suis absolument contre de telles pratiques".

Cette réponse aurait pu me valoir d'être fusillé sur-le-champ si j'avais été à Alger. Seul Attafi s'était rangé de mon côté, soulignant que j'avais peut-être raison et que, s'il y avait des risques, autant ne pas les prendre. Quant à petit Smaïn, il ironisait: "Tu te dégonfles déjà !"

Après quelques minutes de silence, le général Smaïn, le regard foudroyant, me dit d'un ton grave: "Je prends acte de ton refus, mais je ne sais pas s'il est motivé par une question de principe ou par incapacité à conduire cette mission". Je ne peux dire si mes propos étaient dissuasifs, mais pour les convaincre davantage, j'ajoutais que ni Rabah Kébir ni Abdelkader Sahraoui n'avaient pris les armes contre l'Algérie. Ils militaient pour une cause, pour un projet politique et s'il fallait les combattre, il fallait le faire démocratiquement, par les canaux appropriés. Le recours au meurtre et à l'assassinat politique ne pouvait en aucun cas régler le problème de l'Algérie. Il fallait des mesures d'apaisement et une solution politique et non la poursuite de la violence.

En début d'après-midi, le commandant Salah Kermad, vice consul à Francfort, était venu nous rejoindre. Devant Smaïn, il pavoisait à l'idée de passer à l'action: "Il n'y a pas de problème, mon général, j'ai sous la main deux Yougoslaves qui peuvent pour 10 000 DM faire le travail, ni vu ni connu ; un travail bien propre".
En le voyant jubiler de la sorte, je lui lançai sarcastiquement: "Pauvre imbécile, il n'y aura aucun attentat sur le sol allemand tant que je serai là ! Je ne veux pas que l'affaire Mécili ou l'affaire Krim Belkacem soit rééditée ici *(Krim Belkacem ; un des dirigeants historiques de la révolution, surnommé le "lion du Djebel" il avait conduit la délégation algérienne qui participait aux accords d'Evian en 1962. Entré en dissidence contre le président Houari Boumediene en 1965 il créera le MDRA ; "mouvement pour la démocratie et la révolution en Algérie" parti d'opposition ; condamné à mort par contumace il sera assassiné  dans une chambre d'hôtel à Francfort par les agents de la sécurité militaire en octobre 1970)".
Au fond de moi-même, je voulais dire: "Ici, c'est moi qui commande et je ne reçois pas d'ordre du général Smaïn Lamari" Mais je n'osais pas le faire à cause du respect militaire et des liens hiérarchiques que j'avais eu avec lui dans le passé.

Le commandant Kermad Salah rentra bredouille à Francfort le soir même et nous, nous fûmes invités à dîner chez l'ambassadeur, Mohamed Hanache. L'affaire ne fut pas évoquée dans les détails, mais le général Smaïn se dit agacé par l'activisme des islamistes en Allemagne, affirmant qu'il souhaitait "donner une correction" à Rabah Kébir. Par diplomatie ou par calcul, l'ambassadeur se montra favorable à son idée.

Le lendemain, les trois responsables du DRS quittaient l'Allemagne ("Petit Smaïn" par Paris, Smaïn et Attafi par Francfort) sans que notre discussion de la veille n'ait été commentée. Je savais que mes jours étaient comptés et qu'à la moindre occasion, mes chefs ne me rateraient pas.

 

Le sabotage des tentatives de dialogue

Mes rapports avec la hiérarchie, déjà très tendus, furent désormais mal en point. J'ai même sollicité, en vain, une entrevue avec le président Liamine Zéroual: je voulais lui faire part de cette tentative, lui apporter les preuves de ces agissements contraires à la morale et à la loi et lui expliquer que la spirale de la violence ne pourrait être stoppée tant que ne serait pas mis fin aux actes criminels et aux manipulations du général Smaïn Lamari, conduits avec le consentement de son responsable Toufik (Que j'avais officiellement saisi et qui n'a pas non plus réagi).

Le DCE allait à contre-courant des décisions du président, qui cherchait alors à amorcer un dialogue avec toutes les forces ; y compris islamistes ; rejetant l'arme de la violence pour parvenir ou se maintenir au pouvoir.

L'assassinat de Rabah Kébir servait probablement les desseins des décideurs qui cherchaient à affaiblir la volonté de Zeroual à poursuivre le dialogue. On l'a vu lorsque le 3 mars 1994 le président Liamine Zeroual avait annoncé l'existence d'un dialogue, les généraux éradicateurs avaient lancé sans retenue le "GIA made in DRS" pour faire capoter les entretiens.

Abdelaziz Bouteflika a été approché en Mars-Avril 1994 pour être le président dont le mandat devait assurer la transition entre le HCE et un président élu par les urnes. Bouteflika refusera cette offre car il voulait un pouvoir total y compris sur l'armée, et ce, conformément à la constitution de 1989 toujours en vigueur. La volonté de Bouteflika (Qu'il regrettera surement puisqu'il ne ratera pas sa seconde chance en 1999) sera  évidemment refusée par les généraux qui n'entendaient pas qu'un civil vienne empiéter sur leur "plates bandes".

N'ayant pas trouvé l'homme providentiel, et compte tenu de la situation économique catastrophique en 1994, les décideurs confirmeront le général Zéroual dans les fonctions de chef de l'Etat, en soufflant le chaud et le froid.

De ce fait, avant même que le président Zéroual ne soit élu à la présidence de la République le 5 novembre 1995 (Même si les résultats du scrutin furent manipulés), les ordres devinrent contradictoires: un jour c'était la réconciliation, le lendemain l'éradication. On ne savait plus à quel saint se vouer.
En vérité Smaïn Lamari cherchait à saboter les négociations de Liamine Zeroual et à imposer ses propres islamistes de service. Cela se vérifiera plus tard avec les négociations ANP-AIS.

Ainsi, début novembre 1995, à la demande du général Abderazak, j'ai du personnellement intervenir auprès de la responsable du cabinet du ministre  de  la Sécurité du chancelier Helmut Kohl pour empêcher Rabah Kébir de donner une conférence de presse qu'il devait animer en compagnie de Louisa Hanoune, la présidente du PT (Le parti des travailleurs) et de Hocine Aït-Ahmed, le leader du FFS (Front des forces socialistes). Kébir fut remplacé en cette occasion par un autre leader du FIS, Abdelkrim Ould Adda, venu de Belgique. J'étais bien entendu présent dans la salle toute la matinée pour suivre les débats.

Puis, fin novembre, je reçois une instruction écrite du DRS me demandant d'aider Ahmed Merani, ex-membre du FIS lié aux services, à lui ménager des rencontres avec des hommes politiques allemands et avec des journalistes. Seul le message des généraux devait passer, il fallait censurer tout le reste: telle était la devise. Lors d'une rencontre avec Lucas Delattre, le correspondant du journal français Le Monde en Allemagne, je lui avais présenté fin novembre Ahmed Merani pour une interview, en lui précisant que celui-ci allait être nommé ministre des Affaires religieuses (Il fera effectivement partie du gouvernement Ahmed Ouyahia en janvier 1996).
Ce journaliste français, que je connaissais depuis 1993, me demanda alors malicieusement: "Tu vas être alors son secrétaire général au ministère ?" Je répliquais sur le même ton: "Non ! Je préfère tirer les ficelles !" C'était l'expression favorite du général Smaïn…
Hélas, mille fois hélas, le ton n'était pas toujours aux blagues, car après cette rencontre, les choses ont pris une autre tournure et les attentats ciblant des personnalités ne cessèrent pas. Après Boubaker Belkaid, ex-ministre de l'Intérieur dans le gouvernement de Kasdi Merbah (C'est lui qui avait accordé l'agrément au FIS), assassiné le 28 septembre 1995, la liste devrait malheureusement s'allonger avec l'assassinat, le 4 mai 1996, de Mohamed Hardi, ministre de l'Intérieur dans le gouvernement de Belaïd Abdeslam en 1992.

L'un et l'autre ont une réputation d'éradicateurs, pourtant le GIA si prompt à revendiquer les assassinats ne  s'est pas manifesté. Qui voulait se débarrasser de deux témoins gênants: Belkaid a été l'un des principaux civils avec Ali Haroun, Sid Ahmed Ghozali et beaucoup d'autres à jouer à fond la carte des généraux. Belkaid a même servi de conseiller et de rédacteur  aux "DAF".

Quant à Mohamed Hardi, n'oublions pas qu'il a succédé à Larbi Belkheir au poste de ministre de l'intérieur en juillet 1992 ; c'est dire qu'il a eu à gérer les contentieux laissés par son prédécesseur, tout comme il avait pris de nombreuses décisions "hors la loi" dans le cadre de la lutte contre l'intégrisme islamique.

Tous les deux ont été assassinés alors qu'ils étaient écartés des pouvoirs de décision.

Puis ce sera, le 4 juin 1996, la mort suspecte du général Saïdi Fodhil dans un "accident de la circulation".

 

L'assassinat du général Saïdi Fodhil

Comme je l'ai dit, bien que très compétent, Saïdi Fodhil avait été écarté en juillet 1994 de la tête du renseignement extérieur, car il avait compris que la politique "d'éradication" menée à l'époque ne pouvait en aucun cas être salutaire pour le pays. Il s'opposait à la politique du "tout sécuritaire" et proposait le retour du pouvoir aux civils. N'étant pas issu de l'armée française, ses engagements et ses prises de position constituaient un danger pour le clan des généraux "DAF". Les rapports entre ce groupe et le général Saïdi Fodhil étaient donc très tendus. Ainsi, en mars 1994  à Munich le général m'a raconté que sa villa à Sidi-Moussa avait été "visitée" en 1993 et que les cambrioleurs avaient fait un "déménagement" complet à bord de camions, sous les yeux d'une parente terrorisée. Les véritables terroristes ne lui auraient pas laissé la vie sauve. Il s'agissait, c'est certain, d'un avertissement adressé par le clan des éradicateurs.

Saïdi Fodhil m'avait fait savoir qu'il s'était notamment opposé vigoureusement à l'usage de napalm contre des Algériens: celui-ci avait en effet été utilisé par l'ANP à partir de 1993 dans les montagnes difficiles d'accès dans les monts du Djurdjura, du Zeccar et près de la corniche Jijelienne. (Provoquant de surcroît une catastrophe écologique prévisible, résultat des incendies de forets, notamment à Jijel).

Le napalm utilisé, de production israélienne, avait été acheté à partir de 1993 en Afrique du Sud (L'Algérie étant sous embargo militaire à la suite de l'interruption du processus électoral), par l'intermédiaire du colonel Ali Benguedda, dit "petit Smaïn", et de l'ambassadeur dans ce pays, le colonel du DRS Sadek Kitouni, dit "Tass". Ces deux officiers avaient été écartés par Saïdi Fodhil lorsqu'il était le patron de la DDSE.

En 1994, ce dernier avait réagi lorsqu'il s'était rendu compte que le général Smaïn empiétait sur ses compétences et opérait illégalement à l'étranger. Étant pressenti par le Président Liamine Zeroual pour être le futur DRS, il fut donc limogé par le clan Belkheir. L'affaire Léon Jobé, du nom d'un policier suisse, a été la goutte qui a fait déborder le vase, car il n'a pas apprécié d'être "court-circuité" par Smaïn Lamari, dont il connaissait les méthodes brutales et peu orthodoxes. Voici brièvement résumée cette affaire.

En juin 1994, le nommé Abdelkader Hebri, représentant du MAJD (Mouvement algérien pour la justice et le développement, un parti politique fondé par Kasdi Merbah) en Suisse et agent double (Il agissait comme informateur pour la police helvétique et comme agent du DRS), remit à nos services un rapport d'enquête communiqué par Léon Jobé. Ce rapport établi par la police suisse, daté du 24 mai 1994, concernait les résultats de l'enquête effectuée par le groupe d'investigations spéciales sur les membres du FIS se trouvant sur le territoire suisse. Sur la seule foi de ce rapport, contenant des noms et les coordonnées d'activistes du FIS et de leurs relations en Algérie, le général Smaïn Lamari donna l'ordre à ses éléments de procéder à l'arrestation et à l'exécution de toutes les personnes (Supposées être des relais du FIS) figurant sur cette liste et résidant en Algérie, sans prendre le soin de procéder aux vérifications nécessaires. C'est ainsi qu'un certain docteur  Bouchlaghem fut enlevé, torturé et exécuté sommairement sans autre forme de procès.

Près de deux ans après sa mise à l'écart, le 4 juin 1996, le général Saïdi Fodhil trouvait donc la mort dans un très étrange "accident de la circulation" à Ouargla, alors qu'il circulait à bord d'une Lancia blindée. Selon la version officielle, suite à une crevaison, son véhicule aurait "dérapé" et fait plusieurs tonneaux.
Une version totalement invraisemblable, quand on sait que c'est exactement le même type de véhicule qui avait permis au général Khaled Nezzar d'avoir la vie sauve, en dépit d'une très forte charge explosive, lors de l'attentat dont il fut victime à El Biar, le 13 février 1993. Ces véhicules blindés sont en effet conçus pour résister aux crevaisons et à tout genre de problèmes techniques, le poids du blindage écartant toute possibilité de dérapage. De plus, la route de Ouargla traversant un quasi désert, les virages y sont presque inexistants: il est impossible à un véhicule d'y faire des tonneaux. Et même si c'était le cas:
comment expliquer qu'aucun de ses compagnons ne soit sorti indemne de l'accident ?
Pourquoi n'y a-t-il pas eu de commission d'enquête pour en déterminer les circonstances exacte ?

Sachant que la technique de "l'accident de voiture" a toujours été pour le DRS un moyen classique pour éliminer les indésirables, il ne faut pas être sorcier pour deviner qui se cache derrière son assassinat.

Le 24 février 1996, à l'occasion du 25eme anniversaire de la commémoration de la date de la nationalisation du pétrole, le général Saidi Fodhil avait reçu à Ouargla le Président Liamine Zeroual et Abdelhak Benhamouda le secrétaire général de l'UGTA.
C'est à cette occasion que l'idée d'un parti "du Président" a été esquissé.
Abdelhak Benhamouda, pourtant anti islamiste convaincu était mécontent de la dérive des décideurs à qui il reprochait la mise en place d'un plan d'ajustement structurel, la privatisation des entreprises publiques et le licenciement de 400.000 travailleurs, estimant qu'il a failli à son rôle de défenseur des droits et des acquis des travailleurs.

Fort de l'appui de la centrale syndicale, Benhamouda devait fonder un parti politique qui n'était pas du gout des décideurs, qui à cette époque n'avaient aucun parti sur qui s'appuyer. Le FLN dirigé par Abdelhamid Mehri était dans l'opposition. C'est durant l'année 1996, qu'un coup d'état scientifique conduit par des ex apparatchiks à la solde du DRS évinceront Mehri du FLN pour ramener ce parti dans le giron du pouvoir.

Comme Benhamouda s'entêter dans son projet il sera lui aussi assassiné le 28 janvier 1997. Son projet sera squatté et donnera naissance au RND (Rassemblement national démocratique) formé d'ex militants de FLN et de technocrates.

Moins de trois mois après sa création le RND remporte "triomphalement" les élections législatives et communales de 1997 et 1998 marqués par le "vote sécuritaire" qui faisait suite aux grands massacres de l'été 1997.

 

Les assassinats continuent…

Les années qui suivirent apportèrent aussi leur lot d'assassinats, attribués aux islamistes ou à des accidents, mais dont tout laisse à penser qu'il s'agissait d'éliminations de personnes gênant, pour une raison ou pour une autre, certains clans du pouvoir. Je n'en citerai ici que quelques-uns.

Le 18 janvier 1997, Ali Hamdi, ministre de la Planification, "s'est tué" en manipulant son arme à feu, selon la version officielle. Comme pour Ahmed Medeghri, ministre de l'Intérieur des années 1970, le colonel Abbés en janvier 1968 ou le colonel Saïd Abid en décembre 1967, l'accident ou le suicide est un moyen servant à maquiller les assassinats politiques.

Abdelhak Benhamouda, le secrétaire général de l'UGTA, a été assassiné le 28 janvier 1997 "par des islamistes", alors qu'il s'opposait farouchement aux "bradeurs" ; étant monté au créneau, il allait prendre la tête du parti du président Zéroual, le RND, qui devait se constituer pour préparer les élections locales du 27 octobre 1997. Il avait mis en doute la thèse officielle de l'accident du général Saïdi Fodhil.

Sa disparition a permis aux "bradeurs" de mobiliser la centrale syndicale contre les islamistes et de faire passer toutes les lois sur la libération du secteur économique. Ses dernières paroles furent: "Ils nous ont trahis" *(La centrale syndicale avait épousé les thèses du CNSA depuis 1992, pourtant Benhamouda avait farouchement contesté la politique économique du pouvoir notamment les licenciements de travailleurs, la fermeture d'usines, la privatisation. Sa mort a permis de mobiliser le potentiel humain de l'UGTA contre les intégristes du GIA , "responsables" de son assassinat, des destructions d'entreprises et de la mise au chômage de nombreux travailleurs).  

Il est plus que probable que l'élimination d'Abdelhak Benhamouda, tout comme celle de Saidi Fodhil était un message des Janviéristes en direction de Zeroual, à un moment où la guerre des clans faisait rage.

Le 30 janvier 1997, le général Habib Khelil, ex-chef de région et ex-directeur des fabrications militaires, était assassiné à Oran. Des rumeurs ayant circulé dans les milieux de l'ANP disent que cet officier a été assassiné car il était en possession d'un dossier sur plusieurs affaires de malversations touchant des contrats militaires impliquant notamment Larbi Belkheir, Khaled Nezzar et Abdelmalek Guenaizia. Il s'agirait de contrats passés durant les années 1980 pour l'acquisition d'équipements pour les forces aériennes, de moyens roulants et de fournitures.

Le célèbre chanteur kabyle Matoub Lounès, lui, a été assassiné le 25 juin 1998 en Kabylie, officiellement par un "commando du GIA".
Le 23 mai 2002, dans une interview au Quotidien d'Oran, sa sœur Malika Matoub a mis en cause formellement la responsabilité dans ce crime des services du DRS, qui auraient bénéficié de la complicité de certains responsables du RCD. Ceux-ci auraient obligé l'épouse du chanteur à faire une fausse déclaration impliquant les groupes islamiques armés en échange de l'octroi de visas pour elle et ses sœurs (J'invite le lecteur à consulter la version que donne le MAOL, sur le site, de cette sombre affaire).

Enfin, Abdelkader Hachani, le dirigeant du FIS qui avait conduit ce parti à la victoire lors des élections législatives avortées de décembre 1991, a été abattu par un tueur dans la salle d'attente d'un dentiste à Alger le 22 novembre 1999 (Alors même qu'une équipe de la SM était sensée le suivre en permanence pour le protéger). Hachani était redouté des généraux "DAF" pour sa sagesse, sa droiture et ses talents de politicien, qui lui avaient permis, dans le contexte défavorable de la fin 1991, de ressouder le FIS (Miné par les dissensions et les arrestations), d'organiser son congrès et de conduire une campagne électorale efficace.

Cet assassinat politique est l'œuvre de la SM. Plusieurs indices corroborent cette thèse.
L'assassin s'était servi d'un silencieux, dénotant la sophistication des commanditaires. Quelques jours avant le drame Abdelkader Hachani s'était plaint au ministre de l'intérieur (Ex-patron de la SM Nouredine Zerhouni alias Yazid) d'une part d'un harcèlement policier et d'autre part d'agissements suspects d'un certain "Naim" qui lui proposa un rendez vous avec un "émir" dans une mosquée d'Alger. Ce même Naim fut surpris part le défunt, sortant du commissariat du quartier où habitait Hachani.

Le présumé meurtrier Fouad Boulémia, arrêté le lendemain de l'assassinat, se rétracta le jour du procès et dire qu'il a avoué ce crime sous la torture et qu'un "marché" lui a été proposé par le général Toufik, chef du DRS: endosser le crime contre une réclusion de 15 années. Face à ce rebondissement Boulémia fut condamné le jour même à la peine capitale !

Chacun est libre d avoir une opinion sur cette décision de justice.